Traduction du
Dhammapada
Le Dhammapada est une section poétique du Sutta Nikaya, dans le Canon pâli des écritures
bouddhistes (Tripitaka). Ce recueil de maximes et
d’aphorismes est le texte le plus populaire chez les bouddhistes de
toutes dénomination.
Le texte
présenté n’est pas une traduction universitaire mais une
simple re-traduction utilitaire.
Je ne suis pas
un traducteur professionnel, et je ne connais pas trois mots de Pâli, la
langue originale du Dhammapada. Je me suis donc contenté de re-traduire,
de combiner et d’adapter trois sources existantes.
Ainsi,
j’utilise la version anglaise de John Ross Carter et Mahinda Palihawadana
(1987, Oxford University press), qui inclut le texte Pâli
romanisé, et qui est copieusement anotée.
J’ai
corroboré avec un autre texte anglais, celui de Thanissario Bhikku, qui
est distribuée gratuitement sur le superbe site théravadan de Access to insight.
Finalement, je
dois beaucoup à la version française de Jean-Pierre Osier (1997,
Garnier-Flammarion), qui est ma source la plus récente. Sa plaquette
comprend un impressionnant appareil critique et d’utiles comparaisons
avec le reste du Tripitaka et avec la Bhagavad Gîta. Indispensable pour tous les bouddhistes
francophones !
Qui suis-je donc
pour proposer ma version personnelle de ce chef-d’oeuvre ? Quelqu’un qui aime jongler avec
les mots et qui cherchait une traduction moins académique et plus
pratique.
Mon projet est
ambitieux, car j’ai tenté de rendre un rythme propice à la
psalmodie, la mémorisation et la vulgarisation. Dans ce dessein,
j’ai tenté de retenir les marques de l’oralité.
J’ai favorisé les stances courtes, les parallélismes, les
chiasmes et contrastes. J’ai rimé quand j’ai pu, même
si je n’ai aucune illusion quant à mes moyens
poétiques…
Cette version
est inachevée, et exige encore beaucoup de travail.
J’espère que le résultat vous plaira quand même, et
que vous me communiquerez vos commentaires.
Je conserve tous
les droits de ce texte, mais j’en autorise la diffusion libre et
gratuite, en tout ou en partie. Il faut cependant que la présente notice
soit conservée (ou référencée par hyperlien), et
que le texte ne soit pas modifié sans mon accord. Bonne lecture !
Bonne méditation !
-Alexandre Brassard Desjardins 2001 ©
I. Les Paires
§1.
La pensée conditionne les choses
Pour l’essentiel elles sont pensées,
Faites de pensées.
§2.
Agis et parle avec une pensée malhabile
Et la souffrance suit inexorablement
Comme le char suit le bœuf.
§3.
La pensée conditionne les choses
Pour l’essentiel elles sont pensées,
Faites de pensées.
§4.
Agis et parle avec une pensée habile
Et le bonheur suit assurément
Comme l’ombre suit le promeneur.
§5
« Il m’a injurié, battu, vaincu et volé !»
Qu’on s’attache à ces pensées
Et la haine s’enflammera.
§6
« Il m’a injurié, battu, vaincu et volé !»
Qu’on se détache de ces pensées
Et la haine s’éteindra.
§7
En ce bas monde
La haine n'apaise jamais la haine.
C'est une vérité profonde :
L’amour seul apaise la haine.
§8
Plusieurs ne réalisent pas
Qu'il faut se maîtriser ici-bas.
Pour ceux qui réalisent cela
La querelle s’apaisera
§9
Ceux que les plaisirs obsèdent,
Les gloutons, oisifs, léthargiques
Que les sens dominent,
Ils seront vaincus par les mirages de l’existence
Comme les arbrisseaux par le vent.
§10
Ceux que les souffrances n’affolent pas,
Les frugaux, fidèles, énergiques
Qui dominent les sens,
Ils résisteront aux mirages de l’existence
Comme les rocs sous le vent.
§11
Qui endosse la bure
Mais ignore modération, sincérité, et pureté
Souille son habit.
§12
Qui endosse la bure
Et connaît modération, sincérité et pureté
Honore son habit.
§13
Ceux qui voient le superflu dans l’essentiel
Et l’essentiel dans le superflu
N'arrivent jamais à l'essentiel.
Ils paissent dans le champ des idées fausses.
§14
Ceux qui voient l’essentiel dans l’essentiel
Et le superflu dans le superflu,
Arrivent à l’essentiel.
Ils paissent dans le champ des idées justes.
§15
De même que la pluie envahit
La maison au toit percé,
Ainsi l’obsession envahit
Le cœur non entraîné.
§16
De même que la pluie épargne
La maison au toit étanché,
Ainsi l’obsession épargne
Le cœur bien entraîné.
§17
Ici-bas, du chagrin
Au-delà, du chagrin
Le malfaisant est chagriné
Dans les deux mondes.
Voyant la laideur de ses actions
Il se chagrine.
§18
Ici-bas, de la joie
Au-delà, de la joie
Le bienfaisant est joyeux
Dans les deux mondes.
Voyant la beauté de ses actions
Il se réjouit.
§19
Ici-bas, des tourments
Au-delà, des tourments.
Le malfaisant est tourmenté
Dans les deux mondes
La conscience de ses méfaits le tourmente
Et engagé dans cette voie
Il se tourmente davantage.
§20
Ici-bas, des ravissements
Au-delà, des ravissements
Le bienfaisant est ravi
Dans les deux mondes.
La conscience de ses bienfaits le ravit
Et engagé dans cette voie
Il se ravit davantage.
§21
Qu’importe la récitation répétée des écritures
Si le négligent ne les pratique pas ?
Il est comme un bouvier comptant les vaches d’autrui.
Il ne participe nullement à la quête spirituelle.
§22
Quiconque ne récite qu’une fois les écritures
Mais pratique avec vigilance et liberté de cœur
Se défaisant de l’avidité, l’aversion et l’aveuglement
Sans agripper ni l’Ici-bas, ni l’Au-delà,
Celui-là participe pleinement à la quête spirituelle.
II. La Vigilance
§23
Vigilance, c’est le chemin de l'immortalité ;
Négligence, c’est le chemin de la mort.
Les vigilants sont immortels ;
Les négligents sont déjà morts.
§24
Comprenant bien la différence,
Ceux qui maîtrisent la vigilance
Y trouvent toute leur joie
Et suivent le chemin droit.
§25
Les méditants assidus
Qui maintiennent l’attention
Ateignent la Libération
Qui est félicité absolue.
§26
Celui qui est plein d’attention et d’énergie
Qui est bienfaisant et réfléchi,
Discipliné, vigilant et droit
Gagne un renom qui s'accroît.
§27
Énergie, vigilance, discipline :
Grâce à eux le sage se fait une île
Aux flots, il reste inaccessible.
§28
Les sots, par manque d’intelligence
S’adonnent à la négligence.
Le sage garde la vigilance
Comme un trésor de grande opulence.
§29
Ne vous abandonnez pas à la négligence,
Ne vous abandonnez pas aux plaisirs des sens.
Méditez avec vigilance
Obtenez la félicité immense.
§30
Vigilant parmi les négligents,
Éveillé parmi les somnolents,
Le sage progresse comme un coursier
Laissant derrière lui la rosse épuisée
§31
Par sa vigilance inégalée,
Le dieu Indra s’est élevé
Jusqu’au rang premier.
On loue la
vigilance,
Toujours on blâme la négligence.
§32
Le moine qui cultive la vigilance
Et qui redoute la négligence
Avance comme un brasier
Brûlant les voies entravées.
§33
Le moine qui cultive la vigilance
Et qui redoute la négligence
Ne peut plus décliner
Il est presque libéré.
III. La Pensée
§34
De même que le fabriquant de flèches
Veille à ce qu'elles soient bien droites,
De même le sage redresse sa pensée
La pensée instable ou frétillante
La pensée rétive ou oscillante.
§35
De même qu'un poisson frétille
Pour s’échapper de la plage,
De même la pensée frétille
Pour s’échapper du Mirage.
§36
Il est bon de dompter la pensée
Même si elle est rétive et imprécise,
Même si elle se promène à sa guise,
Car domptée, elle mène à la félicité.
§37
Que le sage retienne sa pensée
Même si elle se cache et se déguise
Même si elle se promène à sa guise
Car retenue, elle mène à la félicité.
§38
Errant au loin, sans corps, sans compagnons
Cachée profondément, telle est la pensée.
Mais ceux qui parviennent à la subjuguer,
Brisent les chaînes de l’Illusion.
§39
Celui dont la pensée rumine
Qui ignore la bonne Doctrine
Et manque de sérénité,
N’atteindra pas la pleine lucidité.
§40
Celui dont la pensée n’est pas agitée
Ni flétrie par l’obsession
Celui qui laisse plaisirs et frustrations
Il veille en parfaite sécurité.
§41
Sache que ce corps n’est qu’un frêle réservoir
Fixe ta pensée comme une forteresse.
Combats la Chimère par la sagesse
Et garde sans t’attacher, le fruit de ta victoire.
§42
Bientôt, assurément
Ce corps sera enseveli
Il sera inutile, inconscient
Comme une souche pourrie.
§43
Quoi qu'un ennemi
Puisse faire à son ennemi,
Quoi qu'un méchant
Puisse faire à un méchant
La pensée malhabile faire encore pis.
§44
Ni père, ni mère,
Ni aucun être cher
Ne sont aussi utiles
Qu'une pensée habile.
IV. Les Fleurs
§45
Qui comprendra les vivants et trépassés ?
Qui comprendra les humains et divinités ?
Qui choisira dans la Doctrine le meilleur
Comme un expert cueille une fleur ?
§46
L’étudiant comprendra les vivants et trépassés
Il comprendra les humains et déités.
L’étudiant choisira dans la Doctrine le meilleur
Comme un expert cueille une fleur.
§47
Sache que ce corps est imposture
Expérimente le mirage de ta nature
Fauche les traits fleuris de l’Illusion
Et tu ne verras plus le Roi de la destruction.
§48
Celui qui cueille des fleurs sans attention,
Et en convoite toujours plus,
Est emporté par la Mort
Comme l’inondation
Emporte le village qui dort.
§49
Car celui qui cueille des fleurs sans attention,
Et en convoite toujours plus,
Est dominé par l’obsession,
Il est déjà vaincu par la Destruction.
§50
Que le moine visite le hameau
Comme l'abeille butine le pollen
Sans abîmer la couleur, le parfum du cyclamen
Elle s’envole aussitôt.
§51
Reste aveugle aux fautes des autres
Et à leurs négligences.
Vois plutôt comme tu te vautres
Vois tes propres négligences.
§52
Comme ces fleurs pleines d’atours
Mais sans parfum gracile
Les beaux discours
Sans actes sont stériles
§53
Comme ces fleurs pleines d’atours
Exhalant un parfum gracile
Les beaux discours
Traduits en actes sont fertiles.
§54
D’un monceau de lavandes
On peut tresser nombre de guirlandes.
Dans une seule existence
On peut réaliser nombre de bienfaisances.
§55
Le parfum du santal, tagara et jasmin
S’évanouît sous le vent
Mais le parfum des saints
Embaume tous les orients.
§56
Santal, tagara, lotus ou jasmin
Embaument moins que les saints.
§57
Le parfum du tagara et du santal
Expire en silence
Mais le parfum de l’excellence
Jusqu’aux dieux s’exhale.
§58
L’Illusion ne peut se frayer un chemin
Jusqu’aux excellents qui pratiquent la vigilance
Et qui sont libérés par le savoir certain.
§59
Sur les
détritus amoncellés
De la chaussée
Fleurit le lotus argenté
À l’arôme éthérée.
§60
Sur les détritus amoncellés,
Parmis le peuple aveuglé,
Surgit le disciple du parfait Éveillé
À l’éclatante sagacité.
V. Le Sot
§61
Longue, la nuit du guetteur;
Longue, la route du voyageur;
Longue, l’existence cyclique
Pour l’ignorant de la Doctrine authentique
§62
Si tu ne trouves pas un maître ou un frère
Sur le chemin de la vie
Poursuit ta route en solitaire.
Évite des sots la compagnie.
§63
« J’ai des enfants, j’ai de l’argent ! »
Pense le sot, dans son tourment.
En fait, le soi est faux-semblant.
À qui l’enfant ? À qui l’argent ?
§64
Un fou se sait fou
En cela il est sage.
Un fou se croit sage
Doublement il est fou.
§65
Le sot qui fréquente le sage,
Même toute sa vie durant
Connais aussi peu la Doctrine
Que la cuillère ne connaît le goût du potage.
§66
L’avisé qui fréquente le sage
Même pour un bref instant
Connais aussi bien la Doctrine
Que la langue connaît le goût du potage.
§67
Les sots, les imbéciles
Sont leurs propres ennemis
Et leurs actions malhabiles
Portent d’âpres fruits.
§68
L'action que l’on déplore,
Dont on éprouve les résultats
Avec regrets et remords,
Cette action est malhabile.
§69
L’action que l’on ferait encor,
Dont on accueille les résultats
Avec délices et transports,
Cette action est habile.
§70
Le mal qui couve
Parraît miel pour le sot
Le mal qui sourd
Devient fiel pour le sot.
§71
Le sot peut bien jeûner
Toute une saison
Il ne vaut pas une fraction
D’un disciple de la Vérité.
§72
L’action malhabile n’affecte pas sur-le-champs
Comme caille le lait frais tiré
Elle suit le fou insidieusement
Comme couve le feu sous la charbonnée.
§73
L’érudition mène le sot à sa perte
Elle détruit ce qu’il avait de bon
En lui enflant la tête.
§74
C’est sans profit que le moine cherche
L’admiration des moines
L’honneur des moniales
L’hommage des familles
Et le respect des vils.
§75
Il veut que laïcs comme religieux
Tous s’en remettent à lui
Et lui obéissent en tout.
Il est toujours plus avide et orgueilleux.
§76
Enrichissement n’est pas Libération.
Reconnaissant cette distinction
Le moine ne court plus les honneurs
Mais cultive un détachement salvateur.
§77
On doit fréquenter l’homme accort
Qui pointe les torts
Comme s'il montrait un trésor.
On doit s'attacher au sage
Qui réprouve les mauvais usages.
La fréquentation d’une telle personne
Est pleinement bonne.
§78
Ne prends pas comme amis
Les malfaisants et les vulgaires
Mais fais ta compagnie
Des meilleurs êtres.
§79
Celui qui boit à la source de l’Enseignement
Vit heureux dans la sérénité de l'esprit.
Toujours le sage se réjouit
De la Doctrine transmise par les excellents.
§80
Les perceurs de canaux conduisent l'eau à leur gré ;
Les artisans redressent les sagaies ;
Les charpentiers égalisent les madriers ;
Les sages domptent leurs pensées.
§81
De même que le rocher
N'est pas agité par le vent,
Les sages restent inébranlés
Par le blâme ou le compliment.
§82
Comme un lac profond,
Limpide et pacifié
En écoutant l’Enseignement
Les sages sont rassérénés.
§83
En toutes circonstances les justes vont sans heurts
Les bons ne provoquent pas de vains débats.
Touchés par heur ou malheur
Les sages ne montrent ni haut ni bas.
§84
Qui ne cherche point à obtenir indûment
Pour soi ou pour autrui
Richesse, enfants, pouvoir, profit
Est vertueux, juste et pénétrant.
§85
Il sont peu nombreux
Ceux qui arrivent
À atteindre l'autre rive.
La plupart restent en sol vaseux.
§86
Mais ceux qui suivent le Dharma,
La Doctrine bien enseignée,
Franchissent le domaine de la mort,
Si difficile à transcender.
§87
Ayant abandonné les ténébreux contresens
Le sage doit alimenter la clarté
Il quittera sa maison pour l’errance
Vivant détaché, loin de l’avidité.
§88
C’est là qu’il cherchera la joie
Loin de l’empire des sens
Ne possédant rien, le sage se libèrera
Des scories de la conscience.
§89
Ceux dont l’esprit est bien entraîné
Dans les facteurs de l’Éveil
Qui dans le renoncement s’émerveillent
Et refusent de s’attacher
Ont purifié leur scories.
Ces êtres lumineux sauront trouver
La complète Libération en cette vie.
VII. Le Libéré
§90
Point d’obsessions enfiévrées
Pour celui qui a traversé.
Il s’est affranchi de toute peine
S'est absolument libéré,
Et s’est délivré de toutes chaînes.
§91
Les vigilants prennent le départ
Ils rejettent la sédentarité
Tels des oies quittant la mare
Renonçant aux abris, ils vont migrer.
§92
Ceux qui n’amassent pas de provisions,
Qui consomment sans mégarde ni compulsion
Paissent dans le champ de la liberté,
Le champ vide et mystérieux.
Ils sont aussi difficiles à pourchasser
Que les oiseaux des cieux.
§93
Il s’est affranchi de la sujétion
Et n’est plus obsédé par la consommation.
Il paît dans le champs de la liberté
Le champ vide et mystérieux.
Il est aussi difficile à pister
Que les oiseaux des cieux.
§94
Celui qui subjugue les sens,
Comme un cavalier dompte le coursier,
Celui qui s’affranchi de la convoitise et l’arrogance
Même par les dieux est envié.
§95
Une personne résolue et accomplie
Est inaltérable comme la terre,
Droite comme une obélisque,
Transparente comme un lac sans lie :
Elle a vaincu l’existence cyclique.
§96
Apaisées les pensées, paroles et actions
De celui qui s’est libéré
Grâce à la bonne compréhension.
Oui, celui-là est vraiment apaisé.
§97
L’incrédule et l’ingrat
Qui brisé les chaînes,
Qui tué la circonstance,
Qui a vomi l’espérance,
Est la personne suprême.
§98
Dans le village ou la forêt
Sur la plaine ou dans la colline,
Où que vivent des personnes dignes,
Cet endroit est parfait.
§99
Délicieuses les forêts
Que la foule considère sans attrait.
Les sereins y trouvent l’exaltation :
Ils ne courent plus les sensations.
§100.
Mieux vaut une seule parole utile
Apaisant qui l’entend
Que milles discours futiles
§101.
Mieux vaut un seul vers utile
Apaisant qui l’entend
Que milles strophes futiles
§102.
Mieux vaut réciter une seul stance utile
Apaisant qui l’entend
Que de psalmodier cent poèmes futiles
§103.
Le plus grand des combattants
Ne vainc pas mille adversaires.
Il vainc l’adversaire solitaire :
Il triomphe sur son tempérament.
§104.
Au lieu de vaincre qui que ce soit
Mieux vaut se dompter,
Se maîtriser
Et triompher de soi.
§105.
La victoire sur soi ne saurait être renversée
Par nul démon, ange ou divinité.
§106.
Mieux vaut honorer un être réalisé,
Ne serait-ce qu’un seul instant,
Que de sacrifier à toutes les divinités
Chaque mois pendant cent ans.
§107.
Mieux vaut honorer un être réalisé,
Ne serait-ce qu’un seul instant,
Que d’entretenir les feux sacrés
Chaque mois pendant cent ans.
§108.
Mieux vaut honorer les gens droits
Que d’offrir des sacrifices ici-bas.
Ces rituels pratiqués toute une année
Ne donnent pas le quart des vertus
escomptées.
§109.
Ceux qui admirent et respectent les aînés
Développent quatre qualités :
Charme, joie, force, longévité.
§110.
Mieux vaut une seule journée
De vertu et de méditation
Qu’un siècle entier
De vice et de distraction.
§111.
Mieux vaut une seule journée
De clarté et de concentration
Qu’un siècle entier
D’ignorance et de distraction.
§112.
Mieux vaut une journée
De courage et d’ardeur
Qu’un siècle entier
De lâcheté et de torpeur.
§113.
Mieux vaut une journée
Où l’on voit l’impermanence
Qu’un siècle entier
Sans voir l’impermanence.
§114.
Mieux vaut une journée
Où l’on voit la Libération
Qu’un siècle entier
Sans voir la Libération.
§115.
Mieux vaut une journée
Où l’on voit la
vérité ultime
Qu’un siècle entier
Sans voir la vérité ultime.
§116.
Pousse l’esprit vers le bien
Détourne-le du mal.
L’esprit tarde à faire le bien
Lorsqu’il se complaît au mal.
§117.
Lorsqu’une personne agit mal
Elle ne doit pas récidiver
Ni s’en délecter
Car le malheur est un cumul de mal.
§118.
Lorsqu’une personne agit bien
Elle doit recommencer
Et s’en délecter
Car le bonheur est un cumul de bien.
§119.
Avant que le mal ne mûrisse
Le méchant peut rencontrer le bien
Mais dès que le mal a mûri
Le méchant ne rencontre que lui.
§120.
Avant que le bien ne fleurisse
Le bon peut rencontrer le mal
Mais dès que le bien a fleuri
Le bon ne rencontre que lui.
§121.
Ne sous-estime pas le mal
En te croyant à l’abris.
Une goutte de trop
Et le sceau est rempli.
En accumulant les petits maux
Le sot en est rempli.
§122.
Ne désespère pas du bien
En te croyant desservi.
Une goutte, presque rien
Et le sceau est rempli.
En accumulant les petits biens
Le sage en est rempli.
§123.
Comme un riche marchand isolé
Évite les routes malfamées,
Comme l’on craint la piqûre du crotale,
Toi aussi, évite le mal.
§124.
Le poison ne peut entrer
Que par une plaie exposée.
Une main indemne
Peut lui toucher sans peine.
Le mal n’affecte pas
Qui ne l’accomplit pas.
§125.
Comme revient la poussière
Jetée à contrevent,
Il revient au tortionnaire
Le mal fait à l’innocent.
§126.
Les humains renaissent,
Les méchants vivent l’Hadès,
Le paradis est l’état des êtres bons,
Mais seuls les détachés voient la Libération.
§127.
Il n’y a nulle part dans l’univers,
Ni au sommet du firmament,
Ni au large des mers,
Ni aux tréfonds des volcans
Pour échapper à ses propres méfaits.
§128.
Il n’y a nulle part dans l’univers,
Ni au sommet du firmament,
Ni au large des mers,
Ni aux tréfonds des volcans
Pour échapper à sa propre mort.
§129.
Tous craignent la violence
Tous redoutent la mort.
Imagine-toi à la place d’autrui
Tu n’encourageras
pas le meurtre.
§130.
Tous craignent la violence
Tous chérissent la vie.
Imagine-toi à la place d’autrui
Et tu ne tueras pas,
Tu n’encourageras pas le meurtre.
§131.
Quiconque agresse un être en quête de bonheur
Tout en cherchant lui-même le bonheur
Ne le trouveras point après sa dernière heure
§132.
Quiconque protège un être en quête de bonheur
Tout en cherchant lui-même le bonheur
Le trouvera au moins après sa dernière heure.
§133
Ne parlez pas cruellement
Car vos victimes retourneront ces mots
Les propos colériques sont souffrance,
Et freinent votre progrès vers le haut.
§134
Si tu restes silencieux comme un gong fêlé
Et qu’il n’y a plus de colère en toi
C’est que tu es déjà Libéré
§135.
Le bouvier conduit ses vaches à la baguette
Comme l’âge et la mort conduisent les vivants
§136.
Le sot reste inconscient de ses actions mauvaises
Mais elles le brûlent comme une braise
§137-140.
Quiconque maltraite les faibles
Et châtie les innocents
Ne pourra éviter de subir rapidement
Chacune de ces dix conséquences :
Appauvrissement,
Sensation cruelles,
Perte,
Mutilation corporelle,
Grave maladie,
Conflits avec le prince,
Folie,
Perte de parents,
Terrible calomnie,
Incendie de son domaine,
Et lorsqu’il quitte cette vie
L’insensé séjourne à
la géhenne.
§141
Ni la nudité,
Ni les nattes,
Ni la saleté,
Ni le jeûne ,
Ni la poussière et la malpropreté,
Ni le coucher à la dure,
Ni l’acroupissement figé,
Ne purifient le mortel qui doute et désir
encore
…Les 18 autres chapitres sont en cours de
traduction. Patience !
Accélérez les choses en m’envoyant
vos suggestions
et vos mots d’encouragement !